Cultures & Traditions – A.G.E: l’Association Guyanaise d’Edition au Coeur de l’Ouvrage

Après 1 an d’absence, retrouvez à nouveau dès ce mois votre rubrique “Cultures & Traditions”qui revient sur l’activité d’un ou plusieurs acteurs locaux et/ou régionaux dont la passion transcende le temps et sert d’exemple, de modèle aux générations à venir.
Cette semaine, l’équipe de Trench Mental Art Organization vous emmène dans les locaux de l’A.G.E., une association qui fête ses 25 ans cette année et qui demeure toujours au cœur de l’ouvrage guyanais, voire africain, afin de représenter, mettre en lumière et valoriser les auteurs, une association qui unit les écrivains et auteurs aux lecteurs, une association qui est à l’origine de la démocratisation de la littérature locale et régionale et c’est en rencontrant Nora Stephenson, secrétaire générale de l’association, que nous vous en révélons plus sur l’A.G.E. cette semaine.

Mais, tout d’abord, qu’est-ce que l’A.G.E?
Est-ce un acronyme choisi au hasard ou un rappel mémo-technique qui rappelle d’une part le temps qui passe et qui symbolise d’autre part la longévité?
Nous vous laissons le soin de partir à la découverte de cette association qui se trouve plus que marquée au cœur de l’ouvrage guyanais.
Pourquoi l’AGE a vu le jour il y a 25 ans et est-elle toujours d’utilité aujourd’hui?
C’est ce que nous allons vous révéler à travers cette interview écrite, orale et visuelle où Mme Stephenson revient sur 25 ans de travaux, d’expositions, d’animations et de représentations au cœur de l’ouvrage guyanais.
Découvrez l’A.G.E. À travers les mots de Mme Stephenson, ancienne institutrice, qui vous explique tout en images en 5 questions.
Tentez également de remporter l’oeuvre de votre choix en répondant aux questions tout au long du week-end, celui ou celle qui aura le plus de bonnes réponses recevra un exemplaire d’une des œuvres plébiscitée par l’A.G.E et offerte par Trench Mental Art Organization dont la devise est de “Cultiver nos cultures pour l’écriture de nos sculptures”!
Ainsi comme indiqué par l’illustre auteur-écrivain et dramaturge, Elie Stephenson, à l’issue de cette interview: “Celui qui vit librement sa culture ne se pose pas de questions»

Nora Stephenson, au siège de l’A.G.E près du tableau d’Agnice Joinville intitulé Afrique Terre-Mère
Question n° 1: Qu’est-ce que l’A.G.E et qui êtes-vous?
“Bonjour, belle question, alors aujourd’hui nous sommes à l’Association Guyanaise d’Edition, c’est une vieille association, une des premières associations d’édition, qui est née le 19 mai 1995, avec des membre- fondateurs tels que Elie Stephenson, Jules Linguet, etc… pour des oeuvres tels que Imbattables Créoles (2002), Postures & Comportements Créoles(2000, essais), Les Ciseaux Censeurs (Recueil de Poèmes) de Jules Linguet par exemple.”
“Généralement, je me présente comme étant une militante associative puisque je travaille au sein d’associations depuis mon plus jeune âge car je trouve que c’est une bonne école de formation de la personne. J’ai travaillé au sein de diverses associations de musique, d’éditions, de défense de l’environnement,de grandes fédérations.
En réalité, je me suis particulièrement intéressée à l’Association Guyanaise d’Edition car j’aime beaucoup les livres et la lecture, c’est un long chantier mais c’est une belle défense du patrimoine, de l’environnement et de notre histoire. J’ai intégré l’Association Guyanaise d’Edition dans les années 2000 et suis devenue la secrétaire générale de l’Association en 2007, mon travail consiste à plébisciter l’association, programmer et gérer ses expositions, nous travaillons à l’international.
Le seul désavantage est que cela m’empêche de lire comme je le voudrais. Je suis retraitée de l’éducation nationale, j’ai enseignée durant 27 ans, de 1970 à 2007, j’aime donc lire tôt le matin, quand j’ai un peu de temps car la lecture demande du temps mais c’est important de s’informer, d’écrire, j’aimais beaucoup le métier d’institutrice et de professeur, c’était prenant mais cela permet de construire et de se former dans la vie, beaucoup de mes élèves qui me reconnaissent me remercient encore toujours aujourd’hui, l’A.G.E me permet donc d’être toujours active sur le terrain, continuellement et pour des raisons qui sont toujours cruciales aujourd’hui. Alors s’occuper d’ouvrage est une bonne occupation!”
Question n°2: Pourquoi l’A.G.E a vu le jour et est-elle toujours d’utilité aujourd’hui?

Quelques œuvres éditées par l’Association Guyanaise d’Edition
Le vrai déclencheur de la création de l’Association Guyanaise d’Edition était de “sortir de la guillotine franco-française des publications dont nous étions à la merci, on ne recevait aucune réponse, aucun suivi, nos œuvres ne les intéressaient pas puisqu’une figure par générations leur semblaient suffisante” déclare Mr. Elie Stephenson, qui se rappelle alors qu’à l’époque il n’était connu qu’en France et pas en Guyane car la notoriété se faisait qu’en France, nuisant ainsi au développement intellectuel de son peuple, une des raisons qui explique qu’il soit un des membres-fondateurs de cette association.
“De plus, rajoute Nora, il y avait et il y a toujours un gros problème dans la filière de l’impression (même l’imprimerie locale n’y donne pas accès), faisant en sorte que l’acheminement et la distribution sont difficiles. A l’époque il n’existait pas d’éditeurs locaux car l’édition locale n’est pas développé, l’A.G.E. A donc contribué à la mise en place de “ibis rouge», 1ère maison d’édition de Guyane, dont Malherbe, le Président était membre de l’Association Guyanaise d’Editions à son ouverture en 1996.”
“Il ne va s’en dire que les difficultés rencontrées jadis sont toujours existantes et persistantes aujourd’hui mais elles ne nous découragent pas car il y a quand même du progrès, nous nous axons sur la production locale des auteurs guyanais depuis le début et africains depuis peu, depuis 5 ans maintenant, soit depuis 2013 et travaillons en résonance avec d’autres associations (pour des réceptions, expositions, séminaires, rencontres, réunions, venues de grande figure, etc…), pour fournir un travail de connaissance et de conscientisation de notre histoire.”
“La première que nous firent découvrir fut Ama Mazama, puis d’autres tels que Di Bonbari, Embog, Dombi Fakulu, Kalala Omotunde, Bwang Ba Bon, Milka Valentin, Rachidi, Kemi Seba, etc… suivirent, l’Association Guyanaise d’Editions est également le déclencheur d’un mouvement de conscientisation suite à l’appréhensions de notre histoire qui est très importante pour la construction des individus à travers la solidarité, l’implication et participation personnelle…”
“Nous accompagnons les auteurs-écrivains dans l’écriture de l’ouvrage, puis l’édition et l’impression en essayant de le décharger du travail de correction, d’édition, d’impression et de distribution. La plus grosse charge reste portée par l’association, nous plébiscitons des auteurs en langues en créoles, en français et constituons un comité de lecture (fiche de synthèse, qualité de l’ouvrage,…) qui se charge de la gestion de l’oeuvre (de son écriture à sa distribution). Cela prend du temps puisque tout est à ordonner mais il n’y a pas de contrainte ni de réduction intellectuelle, notre travail est d’améliorer l’oeuvre de l’écrivain et le mettre en relation avec des lecteurs, nous acceptons tout types d’oeuvres(essais, recueil de poèmes, théâtre, nouvelles, contes, …),accompagnons également dans l’écriture de l’ouvrage si besoin ou nécessaire puis édition/impressions avant de distribuer et représenter lors de tous nos séminaires, foires, salons, expositions, événements,etc…”
Question n°3: Pouvez-vous nous parler de l’Association Guyanaise d’Edition en chiffres: cela représente combien d’auteurs, combien d’œuvres, combien de représentations, etc…
“C’est une question compliqué car dès 2000 nous avons élargi le cadre de l’association en éducation populaire pour éduquer et populariser la lecture et l’écriture, pas seulement pour l’édition d’ouvrage mais pour éduquer les jeunes générations dans les établissements scolaires à travers des activités de lecture et théâtralisation de contes et de récits avec des oeuvre tels que Mouché Krik Mouché Krak, des pièces de théâtre et autres.
Cela plaisait beaucoup aux enfants de faire des activités littéraires telles qu’écrire des nouvelles, réciter des poèmes, dessiner des contes visuels, etc… cela élargit le champ de vision, permet d’avoir une ouverture d’esprit plus large…tout dépend de la disponibilité des membres de l’association.”

Quelques œuvres disponibles à l’A.G.E.
“De plus, nous prenons également en dépôt-vente les œuvres d’auteurs éditer par d’autres maisons…ce qui représente un travail colossal mais très diversifié. Pour la période 2019 à 2021, nous avons par exemple une dizaine d’ouvrages à éditer, tout est donc variable. Nous tâchons également d’avoir recours à des financements externes afin de limiter les frais des auteurs, voire de les rendre inexistantes, en plus du travail de préparation que nous menons en amont (correction,…)”
“Vous pouvez notamment retrouver des œuvres d’auteurs dont nous avons un stock limité contenant au maximum 250 exemplaires par auteurs telles que celles de Lyne-Marie-Stanley qui est également la 1ère romancière guyanaise dont j’ai une préférence pour son 1er cru La Saison Des Abattis (1996) qui aborde le vécu, le patrimoine, a interpellé la population et connut du succès chez les guyanais, tout comme Mélodie pour l’orchidée (2001) ou Abel(2005). Il y a aussi Jean-Claude Mounkala, un africain qui vit en guyane et qui est également membre de l’association, dont les œuvres Pour 10000 FCFA: ta vie(1984), Sans Visage(2011, poèmes), Sous l’Arbre De Sagesse (2013, poèmes), Amour à Sahen (2013, poème), Confiance à Ma Mer(2014, poésie), L’attente (2015, nouvelles) et Le Jour Où Langwiyann Est Né «Nou Gon Ké Sa» (2018, théâtre) sont également disponibles ou encore celles d’Armand Loubet dont les essais Et si l’on nous avait toujours menti? (2004), C’est à force de croire à sa guyanité que l’on parvient un jour à en douter! (2012) et Qui sommes-nous?(2006) sont disponibles à la vente et en exposition à l’Association Guyanaise d’Editions.
“Notre travail est donc toujours important comme les titres des œuvres le représentent.”
Question n°4: Et vous, personnellement, qui recommandez-vous de lire? Quels sont les œuvres qui vous ont le plus marqué et que vous recommandez aux lecteurs avisés et jeunes lecteurs?
“Personnellement «Charité bien ordonnée commence par soi», je recommande ainsi les œuvres de mon mari, Mr Elie Stephenson, qui est un grand dramaturge qui se spécialise particulièrement sur les pièces de théâtre pour enfants et adultes, mais qui a également un goût prononcé pour la poésie.

Première et dernière édition d’Une flèche Pour Le Pays à l’Encan d’Elie Stephenson
A l’époque, il fut édité par JP Osvalt pour sa 1ère oeuvre Une Flèche Pour Le Pays à l’Encan (1975)mais dans une autre forme, dont voici la 1ère édition (1) et dont voici la dernière édition (2), mais il était toutefois impossible à trouver en Guyane. Passant ainsi d’une édition nationale à une édition régionale et locale, l’Association Guyanaise d’Edition l’a réédité en 2014 avec un cd en supplément sur lequel les textes sont lus, afin de non seulement voir, mais pour également entendre et 40 ans après, ce recueil de poèmes en français et en créole a toujours autant de succès. L’oeuvre est toujours d’actualité, bien que le quartier a changé, la cité bonhomme tan lontan à Cayenne a bien changé et s’est modernisée afin de devenir «cité bonhomme, cité autonome». Prix de vente 25€

40 ans après la 1ère édition, l’oeuvre est toujours d’actualité!
Je considère également qu’il a écrit et publié des œuvres plutôt conséquentes et qu’il est un grand visionnaire. Il a écrit 6 pièces de théâtre dont la plus récente est L’oeuvre théâtrale d’Elie Stephenson, publié en bilingue (français et créole) en 2018 et dont le prix de vente est fixé à 25€.
Vous savez, lorsque j’étais enseignante, je faisais partie des 10 enseignantes volontaires qui ont accepté d’enseigner en créole. Beaucoup d’enfants le découvraient alors et c’était très important par souci de préservation, de transmission, l’usage et le partage de sa langue natale avec les enfants est donc primordial et se reflète dans les œuvres d’Elie tels que: Une Flèche Pour Le Pays à l’Encan (1975), Poèmes Negro-Indiens aux Enfants de Guyane (1977), Paysages Negro-Indiens (1997), Catacombes de Soleil, Terres Mêlées, Mouche Krik Mouche Krak, Boni Doro, Pagra Afro-Amerindien (2013), L’oeuvre théâtrale d’Elie Stephenson (2018), … Tarif compris entre 15 et 25€

Version audio de l’oeuvre d’Elie Stephenson offerte
Question n°5: Que pouvons-nous vous souhaiter? RDV dans 25 ans?
“Que chacun contribue à sa manière à l’épanouissement collectif, mais surtout que le public soit présent à nos rendez-vous…
Nous vous donnons par ailleurs rendez-vous du 22 au 25 Novembre au Salon International du Livre e Guyane au Zéphyr où vous pourrez retrouver une parties des œuvres suivantes:
Jules Linguet: Imbattables Créoles (2002), Postures & Comportements Créoles(2000, essais), Les Ciseaux Censeurs(Recueil de Poèmes)
-Lyne-Marie Stanley: La Saison Des Abattis (1996) qui aborde le vécu, le patrimoine, a interpellé la population et connut du succès chez les guyanais, tout comme Mélodie pour l’orchidée (2001) ou Abel(2005)
-Jean-Claude Mounkala: Pour 10000 FCFA: ta vie(1984), Sans Visage(2011, poèmes), Sous l’Arbre De Sagesse (2013, poèmes), Amour à Sahen (2013, poème), Confiance à Ma Mer(2014, poesie), L’attente (2015, nouvelles) et Le Jour Où Langwiyann Est Né «Nou Gon Ké Sa» (2018, théâtre)
-Elie Stephenson: Une Flèche Pour Le Pays à l’Encan (1975), Poèmes Negro-Indiens aux Enfants de Guyane (1977), Paysages Negro-Indiens (1997), Catacombes de Soleil, Terres Mêlées, Mouche Krik Mouche Krak, Boni Doro, Pagra Afro-Amerindien (2013), L’oeuvre théâtrale d’Elie Stephenson (2018, 25€)
-Armand Loubet: Et si l’on nous avait toujours menti? (2004), C’est à force de croire à sa guyanité que l’on parvient un jour à en douter! (2012) et Qui sommes-nous?(2006)
-Emile Anton, Mémoire De Singe, 2011, 12€
-Dominique Darcissa, Humeur de Brume, 2016
-Renée Fulgence, Rose Chou, volume 1 & 2
-Michel Come, Criolla Oyana, chants d’archipel
et bien d’autres encore.
Si vous désirez commander une oeuvre, vous faire éditer ou rejoindre l’Association Guyanaise d’Edition, vous pouvez contacter Nora Stephenson au 0694.23.14.13, pour toute demande d’information, vous pouvez également vous rendre sur leur site internet https://ageguyane.com/ou sur leur page https://www.facebook.com/age.guyane/

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